LES HUGUENOTS ET LES GUERRES DE RELIGIONS. (de François 1er à l’édit de Nantes)

 

LES HUGUENOTS ET LES GUERRES DE RELIGIONS. (de François 1er à l’édit de Nantes)

Les premiers troubles religieux apparaissent sous le règne de François Ier (1515-1547).
Malgré son inclination pour l'humanisme, le roi considère la Réforme comme néfaste à son autorité. En 1529, Berquin, (le plus savant de toute la noblesse et défenseur de la réforme) ami d'Érasme (Philosophe et théologien Hollandais), est exécuté. À partir de l'affaire des Placards (en 1534 dans la nuit du 17 au 18 Octobre dans la nuit les protestants placardent des textes contre la messe et anticatholique sur l’espace publique), le roi se met à persécuter les protestants. En 1545, 3 000 Vaudois du Luberon sont massacrés à Mérindol sur l'ordre du Parlement d'Aix et avec l'assentiment du roi.

C’est sous le règne de son fils Henri II (1547-1559), que les tensions religieuses augmentent dangereusement. Le roi met en place une législation antiprotestante. Il multiplie les édits répressifs.
L'édit de Compiègne de 1557 réserve aux tribunaux laïcs le jugement des protestants dès qu'il y a scandale public.
L’édit d'Écouen de 1559 demande d'abattre sans jugement tout protestant en fuite ou révolté. Il donne aussi la mission à certains notables de se rendre en province pour réprimer l'hérésie.
Enfin la « chambre ardente » créée en 1547 au parlement de Paris pour condamner au bûcher les « hérétiques » fait exécuter en deux ans 37 personnes.
Malgré cette persécution, le protestantisme connaît un essor considérable. La répression voulue par le roi reste limitée par la faiblesse de ses institutions. Le roi ne dispose pas d'un encadrement judiciaire suffisamment important pour mettre en œuvre sa politique. Les édits sont mal appliqués du fait qu’une partie non négligeable de ses officiers éprouve des sympathies pour la Réforme. Le protestantisme se diffuse surtout en milieu urbain parmi les gens qui ont accès à la culture : bourgeois, gens d'Église, érudits, écrivains et officiers de justice. Ainsi que les professions nécessitant une certaine qualification, à l'instar des imprimeurs, des peintres, des joailliers ou des orfèvres. Le roi réagit.
L'édit de Châteaubriant, en 1551, précise minutieusement les modalités de la répression. On augmente les peines qui frappent les libraires, éditeurs et diffuseurs de livres interdits.
La noblesse française vient à la Réforme à partir de 1555. De grands personnages de la cour, tels que le prince de Condé et François d'Andelot, contribuent à son développement. À la fin du règne d'Henri II, le protestantisme réalise de tels progrès que les premières églises se forment.
La réaction du roi est brutale, à l'image de l'arrestation de six conseillers au parlement de Paris, dont Anne du Bourg, lors de la séance du 10 juin 1559. Le roi meurt un mois plus tard. Sa disparition ouvre une période d'incertitude. En outre, le traité du Cateau-Cambrésis, signé au mois d'avril de cette même année, a laissé la noblesse sans emploi et disponible pour des guerres intérieures.
Les morts successives du roi Henri II, en 1559, et de son jeune héritier François II, en 1560, marquent la fin des répressions systématiques et le début d'une attitude de conciliation de la couronne française à l'égard de la religion réformée. Charles IX, qui n'a que dix ans lors de son accession au trône, se retrouve alors sous la gouverne de sa mère, la reine Catherine de Médicis, qui met de l'avant une politique de concorde religieuse.
Loin d'apaiser les tensions, cette ouverture du pouvoir royal à l'égard des positions défendues par les réformés accroît leurs ambitions à être reconnus et les incite de plus en plus à pratiquer leur culte publiquement. À l'inverse, plusieurs catholiques considèrent cette volonté royale d'apaisement comme suspecte, voire dangereuse, et hésitent de moins en moins à assurer leurs propres intérêts, au risque de contrevenir aux édits royaux.
La multiplication des provocations violentes au début des années 1560 est annonciatrice des premiers conflits civils, qui éclatent ouvertement en 1562.
Déjà sous le règne d'Henri II s'opposent des factions entre les grandes familles nobles à la cour de France. Si les luttes sont d'abord de nature politique, elles prennent progressivement une tournure religieuse.
Cette politique de concorde religieuse se traduit par un désir de maintenir l'unité de la foi chrétienne par le biais de diverses concessions disciplinaires et doctrinales de part et d'autres. Elle est en cela différente d'une politique de tolérance, qui vise plutôt une attitude d'indulgence à l'égard de ceux qui pratiquent une religion différente.
Notons que la politique de concorde fut mise de l'avant par Catherine de Médicis jusqu'à l'échec du colloque de Poissy, en 1561, à la suite de quoi elle inaugura une politique de tolérance relative par la promulgation de l'édit de Janvier en 1562.
Plusieurs édits et lettres de la fin des années 1550 et du début des années 1560 insistent particulièrement sur l'interdiction de porter les armes, de s'injurier et de se provoquer.
Favorables au protestantisme vers la fin des années 1550, au premier chef les Bourbons, qui constituent l'un des lignages les plus puissants de France. Antoine de Bourbon, roi de Navarre et premier prince du sang, ainsi que son frère, Louis 1er de Condé se posent rapidement comme les défenseurs de la religion réformée et travaillent à obtenir certaines concessions de la part du roi.
À l'opposé, François de Guise et Charles de Lorraine, fils de Claude de Lorraine, duc de Guise, sont des princes d'origine étrangère qui exercent néanmoins une influence considérable à la cour de France à l'aube des années 1560 et qui se portent défenseurs d'un catholicisme plus intransigeant à l'égard des courants réformés.
Entre les deux, les Montmorency et notamment Anne, duc de Montmorency et connétable de France ainsi que ses neveux, Gaspard de Coligny, amiral de France et François d'Andelot, colonel de l'infanterie, adoptent une attitude radicalement opposée. Si le duc de Montmorency appuie le catholicisme intransigeant défendu par les Guises, l'amiral de Coligny et François d'Andelot se déclarent volontiers du côté des réformés. À l'avènement du jeune Charles IX, les tensions s'intensifient.
  Profitant du jeune âge du roi et de l'attitude trop conciliante de la régente, les différentes factions contestent la légitimité des décisions qui pourraient les désavantager en plaidant l'influence néfaste du parti adverse.
Cette contestation de l'autorité royale trouve un appui important auprès d'une partie du
Les princes du sang sont tous les descendants mâles d'Hugues Capet nés de mariage légitime et ainsi aptes à régner sur la France selon les règles de succession.
 Ils ont en outre largement bénéficié du traitement de faveur que leur a accordé François II pendant son court règne. Les Guise étaient les oncles de Marie Stuart, l'épouse du jeune roi.
Le 6 avril 1561, François de Guise, Anne de Montmorency et le maréchal Jacques d'Albon de Saint-André s'allient pour former le « triumvirat » catholique, destiné à défendre l'ancienne religion dans le royaume. Ils assurent de servir le jeune roi, à la condition que celui-ci demeure fidèle à la religion de ses ancêtres. Notons qu'en plus des motifs religieux, c'est également la faveur royale dont bénéficient alors Gaspard de Coligny et Antoine de Bourbon qui pousse les triumvirs à s'allier contre eux.
Le peuple qui s'oppose à la volonté de la régente de temporiser les divisions politiques et religieuses entre les différentes factions, ce qui contribue à l'éclatement éventuel des premiers troubles dans le royaume.
On peut distinguer huit guerres de Religion. En fait, la France connaît 36 années de troubles.
 

 1ère guerre (1562-1563)
Le massacre par le duc François de Guise d’une centaine de protestants assistant au culte dans une grange de la ville de Wassy, le premier mars 1562, est considéré comme l’événement qui a déclenché la première guerre de religion. A l’appel de Louis de Bourbon, prince de Condé, (qui a épousé Eléonore de Roye) les protestants prennent les armes. Condé s’empare d’Orléans le 2 avril.
La guerre s’étend à tout le royaume. Elle est marquée par des violences sauvages dans un camp comme dans l’autre.
La bataille de Dreux qui voit s’affronter les troupes de Condé et celles du connétable de Montmorency est à l’avantage des forces royales. Le duc de Guise met alors le siège devant Orléans tenu par les protestants (5 février 1563). C’est là qu’il est assassiné par Poltrot de Méré, un ancien conjuré d’Amboise.
Le 19 mars 1563 est signé l’édit de pacification d’Amboise négocié par Condé et le connétable de Montmorency.
 

 2ème guerre (1567-1568)
Les chefs huguenots sont décidés à reprendre les armes dès l’automne 1567 et leur inquiétude devant l’influence grandissante du cardinal de Lorraine sur le jeune roi Charles IX les amène à envisager un coup de force pour soustraire le roi à cette influence. C’est ce que l’on a appelé la surprise de Meaux. Mais le roi, prévenu, déjoue cette tentative et, de Meaux, regagne Paris sous la protection des Suisses.
Plusieurs villes du Midi sont prises par les huguenots. Des violences surviennent de part et d’autre.
L’armée de Condé s’empare de Saint-Denis et poursuit jusqu’à Dreux. Mais la bataille qui se livre à Saint-Denis le 10 novembre 1567 se termine à l’avantage des royaux, quoique le connétable Anne de Montmorency y soit mortellement blessé.
A l’issue de longues négociations, une paix est signée le 23 mars 1568, c’est l’édit de Longjumeau qui confirme l’édit d’Amboise.
 

 3ème guerre (1568-1570)
La paix de Longjumeau ne dure que cinq mois.
La guerre civile en France subit l’influence des événements internationaux, notamment de la révolte des sujets de Philippe II d’Espagne aux Pays-Bas, ceux qu’on a appelé les « gueux ». La terrible répression dont ils sont l’objet, menée par le duc d’Albe, au nom du roi Philippe II suscite en France une grande émotion. Les huguenots, à la recherche d’alliances extérieures, concluent un accord avec eux.
En outre, chaque camp bénéficie d’aides étrangères :
Pour les protestants, celle du prince d’Orange et celle d’Élisabeth d’Angleterre qui finance l’expédition du comte palatin Wolfgang, duc de Deux-Ponts en Bourgogne au printemps de 1569 ;
Pour les catholiques, celles du roi d’Espagne, du pape et du duc de Toscane.
Les combats qui se déroulent principalement en Poitou, en Saintonge et en Guyenne, sont marqués par deux victoires des catholiques : à Jarnac (13 mars 1569), le duc d’Anjou, futur Henri III, remporte une victoire sur le prince de Condé qui sera assassiné à la fin de la bataille ; et à Moncontour, au nord du Haut Poitou (3 octobre 1569), au cours de laquelle l’Amiral de Coligny, blessé, réussit à s’enfuir.
En dépit de ces deux défaites, les huguenots ne sont pas découragés. Coligny remonte vers le nord et parvient jusqu’à La Charité-sur-Loire. En juin 1570, l’armée protestante l’emporta dans la bataille d’Arnay-le-Duc.
La paix qui s’en suivit est le signe d’un revirement politique à la cour où les modérés retrouvent leur influence et où celle des Guise recule.
L’édit, signé à Saint-Germain le 8 août 1570, et qui a pour artisan principal le roi Charles IX, marque un retour à la tolérance civile. Il restitue la liberté de culte dans les lieux où il existait au premier août 1570.
En outre, les protestants obtiennent des places de sûreté : quatre pour deux ans : La Rochelle, Cognac, La Charité-sur-Loire et Montauban. 

 
4ème guerre (1572-1573).
Le 22 août 1572, quatre jours après le mariage d’Henri de Navarre avec Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX qui avait provoqué la venue à Paris de nombreux nobles protestants, l’Amiral de Coligny est victime d’un attentat auquel il échappe de peu. La tension est grande dans Paris. Dans la nuit du 23 au 24 août, jour de la Saint-Barthélemy, un Conseil royal se réunit, au cours duquel il est décidé d’éliminer les principaux chefs huguenots. Coligny et d’autres gentilshommes protestants sont assassinés tant au Louvre qu’en ville. Cette exécution d’un nombre limité de chefs huguenots est suivie d’une tuerie sauvage qui va durer jusqu’au 29 août et fait dans Paris 4 000 tués. Le massacre se généralise et s’étend à la province où l’on dénombre quelque chose comme 10 000 tués.
Henri de Navarre et le prince de Condé sont épargnés parce que princes du sang, mais ils sont contraints à se convertir au catholicisme.
La violence qui s’est déchaînée contre eux pousse de nombreux réformés à abjurer ou à s’enfuir dans les pays du « Refuge » : Genève, la Suisse, les provinces septentrionales des Pays-Bas ou l’Angleterre. Mais, dans l’Ouest et le Midi, les combats reprennent. Nîmes et Montauban refusent des garnisons royales. Le siège est mis devant La Rochelle qui résiste. Le siège sera levé le 6 juillet 1573 et le roi accorde aux huguenots un édit de pacification, l’édit de Boulogne enregistré au parlement le 11 juillet 1573, édit moins avantageux que le précédent. Les protestants conservent la liberté de conscience mais n’obtiennent la liberté du culte que dans trois villes : La Rochelle, Nîmes et Montauban.
 

 5ème guerre (1574-1576).
Le duc d’Alençon, jeune frère du roi, prend la tête d’un mouvement composé de protestants et de catholiques modérés. C’est l’alliance des « Malcontents » qui réclame une réforme de l’Etat, considérant que la tolérance du culte réformé est d’abord un problème de réforme politique.
Henri III, sacré roi le 13 février 1575, à la suite de la mort de Charles IX (30 mai 1574) refuse tout d’abord d’accéder aux requêtes des Malcontents, mais il est bien obligé de traiter avec eux par la suite, ses troupes étant très inférieures en nombre. Il signe à Etigny le traité de paix, appelé paix de Monsieur. L’édit du 6 mai, connu sous le nom d’édit de Beaulieu (6 mai 1576), atteste la victoire des Malcontents. Il permet l’exercice du culte réformé dans tous les lieux du royaume sauf à Paris et deux lieues alentour. En outre, les réformés reçoivent huit places de sûreté et des chambres mi-parties dans chaque parlement.
 

 6ème guerre (1576-1577).
Dès le début, l’édit de Beaulieu est difficile à appliquer et suscite des résistances. Les catholiques hostiles se groupent en ligues défensives. Les états généraux convoqués à Blois se déroulent dans un climat très défavorable aux huguenots. L’abolition de l’édit de Beaulieu par l’assemblée provoque la reprise des conflits. Mais faute de secours financier de part et d’autre, la négociation s’impose. Un compromis est trouvé, ce sera la paix de Bergerac du 14 septembre 1577, confirmée par l’édit de Poitiers signé en octobre 1577.
 

 7ème guerre (1579-1580).
En novembre 1579 la guerre reprend localement : le prince de Condé s’empare de La Fère en Picardie et en avril 1580, Henri de Navarre – alors chef du parti protestant depuis 1575-1576 – s’oppose aux provocations du lieutenant-général de Guyenne et prend possession de la ville de Cahors. Quelques conflits sporadiques ont encore lieu jusqu’à la signature du traité de Fleix, le 26 novembre 1580, qui confirme le texte de Poitiers. Les places de sûreté devront être rendues dans un délai de six ans, comme prévu à Poitiers.
 

 8ème guerre (1585-1598)
La mort de François d’Alençon, duc d’Anjou et dernier frère du roi (1584) fait d’Henri de Navarre l’héritier légitime du trône. Le rejet de cette candidature au trône de France suscite la constitution de la Ligue ou « Sainte Union » des catholiques dont le chef Henri de Guise impose au roi Henri III la signature du traité de Nemours (1585). L’édit qui en est tiré, enregistré au Parlement le 18 juillet 1585, est un reniement de la politique de tolérance civile. Il stipule que les calvinistes ont six mois pour choisir entre l’abjuration et l’exil, que les pasteurs sont bannis et que les places de sûreté doivent être rendues.
Il en résulte une forte diminution du nombre des protestants. 

  Cependant Henri de Navarre, vainqueur à Coutras, tient encore les provinces du Midi. La Ligue prend le contrôle du Nord de la France.
A Paris, naît, indépendamment de la Ligue des princes, une ligue roturière qui s’allie à la première. Le 12 mai 1588, la ville se soulève : c’est la « journée des barricades ». Henri III doit s’enfuir. Il se réfugie à Blois et entame des négociations avec les ligueurs. Mais le pouvoir conquis par les Guise l’inquiète. Il veut à tout prix lutter contre la subversion qu’il redoute. Il décide de faire assassiner le duc Henri de Guise ainsi que son frère le Cardinal de Lorraine.
Henri III se rapproche alors d’Henri de Navarre. Leurs deux armées se joignent et montent vers Paris. Mais les Parisiens se déchaînent contre leur roi qui a fait alliance avec les hérétiques.
C’est alors, en 1589, qu’Henri III est assassiné par le moine ligueur Jacques Clément. Henri de Navarre devient roi sous le nom d’Henri IV, mais Paris est aux mains des ligueurs et le nouveau roi doit conquérir son royaume.
En mars 1590, la fameuse bataille d’Ivry ouvre au roi la voie au siège de Paris.
En 1593, Henri IV déclare son intention d’abjurer et de recevoir une instruction catholique. Il faudra le sacre royal à Chartres pour vaincre les réticences des Parisiens. Paris cède en 1594 et ouvre ses portes à Henri IV.
En 1595, Henri IV reçoit l’absolution du Pape et déclare la guerre à l’Espagne dont de nombreuses troupes venues pour soutenir la Ligue sont encore présentes en France.
En 1598, par le traité de Vervins, il obtient le départ des troupes espagnoles. Henri IV obtient aussi la soumission du duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne, qui s’était allié aux Espagnols.
 

L'édit de Nantes (30 avril 1598)
C’est à Nantes, en avril 1598, qu’Henri IV signe le fameux édit qui met un terme aux guerres de religion qui ont ravagé la France au cours d’une période de 36 ans. Cet édit est plus complet que les précédents. Il instaure la coexistence religieuse entre catholiques et protestants. Le culte réformé est autorisé dans tous les lieux où il existait en 1597 et l’accès à toutes les charges est garanti aux réformés.

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