LA BATAILLE DE NICOPOLIS
Ce fut une journée bien malheureuse pour la chrétienté, et particulièrement pour la France, que celle du 30 septembre 1396.
Toujours entraînée par son esprit chevaleresque et par le désir de venger sur les Musulmans les injures que ceux-ci avaient faites au nom chrétien,
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Comte de Nevers |
La funeste bataille de Nicopolis donna à nos concitoyens l'occasion de déployer leur bravoure mais leurs armes ne furent pas heureuses trente mille chrétiens y succombèrent, et parmi les plus illustres nous devons mentionner Jean III de Roye, seigneur « de Roye » de Muret et de Buzancy, grand chambellan de France et conseiller du roi, et deux de ses frères.
Contexte
La bataille constitue un des tournants de la conquête des Balkans par les armées de l’Empire Ottoman. Alors que les Paléologues rivalisent avec les Cantacuzène pour le pouvoir à Constantinople, ces derniers demandent par deux fois en 1346 et en 1352 l’aide de l’armée ottomane pour combattre leurs rivaux. Lors de sa dernière intervention, cette armée, au lieu de franchir de nouveau le Bosphore, décide de s’installer en Thrace. Les Ottomans conquièrent la Thrace et asservissent la Bulgarie et la Serbie.
Le basileus Manuel II Paléologue et le roi de Hongrie Sigismond Ier, relayés par le pape Boniface IX, demandent l’organisation d’une croisade qui repousserait les forces ottomanes au-delà du Bosphore.
La France et l’Angleterre, qui observent à cette époque une trêve dans les combats de la guerre de Cent Ans, répondent dans un premier temps à l’appel bien qu’en définitive seule la France envoie 10 000 soldats dont 1 000 chevaliers et écuyers auxquels viennent s’ajouter des troupes d'Allemands, d’Alsaciens, de Tchèques, de Transylvains et de Valaques, ainsi que des Chevaliers Teutoniques menés par leur Grand Prieur Frédéric de Hohenzollern.
Principaux chefs de guerre chrétiens Sigismond Ier de Luxembourg, roi de Hongrie, Jean sans Peur, comte de Nevers, fils de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, commandant de l'ost français.
Gui de la Trémoïlle (1346-1397), dit le vaillant, Grand Chambellan héréditaire de Bourgogne, et conseiller favori de Philippe le Hardi Jacques II de Bourbon, comte de la Marche, comte de Castres
Jean de Vienne, amiral de France, Jean II Le Meingre, dit Boucicaut, maréchal de France, Philippe d'Artois, comte d'Eu, connétable de France, Guillaume des Bordes, porte-oriflamme de France,
Enguerrand VII de Coucy, Regnault de Roye, chambellan du roi, Philibert de Naillac, Grand-maître des Hospitaliers de Rhodes Nicolas de Gara, grand palatin de Hongrie, Mircea, prince de Valachie,
Henri de Bar, gendre d'Enguerrand de Coucy Stephen II Lacković, ban croate Vuk Branković, seigneur médiéval serbe Humbert le Bâtard, demi-frère d'Amédée VIII
Principaux chefs de guerre ottomans:
Bayezid Ier, sultan ottoman, Stefan Lazarevic, prince serbe, Stefan était chrétien mais suite à la bataille de Kosovo Polje 1389, il était devenu vassal et beau-frère de sultan Bayezid Ier.
Préparatifs de la bataille
Les armées alliées à la Hongrie établissent leur jonction à Bud (Buda) en juillet.
Sigismond propose aux chefs chrétiens une stratégie plutôt défensive, conseillant d'attendre l'armée de Bayezid plutôt que de se porter au-devant des troupes ottomanes. Toutefois cette stratégie est rejetée, lors du discours d'Enguerrand de Coucy, porte-parole des chevaliers français. « Pour conquérir toute la Turquie, et pour aller en l'Empire de Perse... »
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Sigismond |
Cet épisode marque le début d'une méfiance entre Hongrois et Français qui durera pendant toute la croisade.
Les croisés sont alors accusés de pillage et de maltraitance en traversant les territoires musulmans. Toutefois, il faut garder à l'esprit que les chroniqueurs de l'époque recherchaient une raison à l'échec de la croisade, en blâmant l'immoralité des croisés. Leurs affirmations sont impossibles à vérifier, et donc sujettes à caution.
Les croisés continuent vers Nicopolis, prenant quelques places, mais délaissant une citadelle d'où partiront des messagers pour prévenir le sultan turc Bayezid de l'arrivée de l'armée chrétienne.
Nicopolis est une cité forte bien défendue par des tours et de fortes murailles et les croisés n'ont apporté aucun engin de siège. Après avoir tenté quelques échelades, sans succès, et échoué dans une tentative de sape, il apparaît que la cité ne pourra être prise par la famine qu'après un long siège. Ainsi qu'ils l'avaient déjà fait pendant leur voyage, les nobles de l'armée chrétienne s'installent dans un faste confortable, profitant de la vie pendant que dure le siège. Ceux-ci pensent que le sultan Bayezid se trouve loin, peut-être même de l'autre côté du Bosphore. La suffisance du commandement est telle qu'il néglige d'organiser des missions de reconnaissance. Ce sont donc les fourrageurs, chargés de rapporter du foin pour les chevaux, qui les premiers signalent des opérations de l'armée ottomane. Ces premiers rapports sont même négligés, notamment par Boucicaut, craignant que la nouvelle ne démoralise les croisés.
En réalité, le sultan assiège Constantinople et est en mesure d'accourir au secours de Nicopolis dès l'annonce de son siège.
Les Ottomans sont d'autant mieux renseignés que le duc de Milan Gian Galeazzo Visconti les a informés des mouvements de l'armée chrétienne.
Sigismond finit par envoyer le comte Jean de Maroth en reconnaissance; ce dernier confirme à son retour que l'armée de Bayezid opère près de Tirnovo, à une centaine de kilomètres du camp croisé. La nouvelle est apprise par les habitants de Nicopolis, qui la célèbrent dans la joie. Malgré cela, le commandement chrétien reste persuadé que le sultan n'attaquera pas.
L'un des rares chefs croisés à se préoccuper de reconnaissance est Coucy. Il organise une sortie avec 500 archers et cavaliers, afin de prendre au piège une colonne de l'armée turque, fraîchement repérée. L'embuscade a lieu dans un défilé, et la petite armée de Coucy obtient une victoire écrasante, anéantissant la colonne turque.
Cette bataille sort enfin les croisés de leur léthargie, en admiration devant l'audace et la réussite des chevaliers français. Toutefois, cette victoire attise la jalousie entre les chefs Français, D'Eu n'ayant pas participé à la bataille, et accusant Coucy d'avoir risqué la vie des hommes de son expédition. Cette rivalité deviendra une des grandes causes de la défaite finale.
A l'annonce de l'arrivée de l'armée turque, les croisés s'affolent et se préparent en toute hâte. Certains sont encore en train de dîner, d'autres sont saoûls, et la confusion s'installe dans plusieurs unités. À ce moment, les prisonniers de Rachowa sont tous exécutés, un acte de barbarie dénoncé jusqu'en Europe occidentale.
Jean de Nevers et les chevaliers français ont exigé de constituer l'avant-garde de l'armée chrétienne, par vanité, et ceci contre l'avis du commandement hongrois et valaque, pourtant plus familier des stratégies turques pour les avoir affrontées sur les champs de bataille. Sigismond alors divise ses troupes en trois parties: Nicolas de Gara au centre, à la tête des troupes hongroises, allemandes, tchèques, alsaciennes et flamandes ainsi que les Chevaliers Teutoniques; le flanc droit de cette armée, les Transylvains menés par Stefan Lazkovitch et les Valaques sur le flanc gauche. Sigismond commande directement la réserve.
La première charge de la chevalerie française se heurte à la présence des pieux et doit poursuivre le combat sans ses chevaux. Les chevaliers, cuirassés dans leurs harnois, résistent aux volées de flèches de l'archerie ottomane et enfoncent l'infanterie adverse. Les Ottomans comptent de très nombreuses victimes et la chevalerie française entend pousser son avantage. Elle attaque et défait la cavalerie ottomane qui fuit vers l'arrière-garde. Bien que toujours à pied, les chevaliers poursuivent les fuyards en direction des collines et finissent par tomber sur le gros de l'armée de Bayezid. Ils sont écrasés par le nombre; de nombreux chevaliers sont tués - dont Jean de Vienne - et les principaux chefs de guerre français sont capturés - Jean de Nevers, Enguerrand de Coucy, Boucicaut, Philippe d'Artois...
Voyant l'ost français en difficulté, Sigismond tente de rétablir l'équilibre avec l'infanterie restante. Toutefois l'entrée en jeu de la cavalerie lourde serbe de Stefan Lazarevic fait pencher la balance en faveur des Ottomans et Sigismond, comprenant que l'issue de la bataille ne fait plus de doute, choisit de s'échapper. Escorté par le nouveau grand maître des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, Philibert de Naillac, et quelques chevaliers hospitaliers, il rejoint les bouches du Danube, d'où il embarque sur un des vaisseaux de la flotte vénitienne.
La bataille est terminée et l'ost des croisés capitule. En représailles de l'exécution des mille otages de Rachova, en Bulgarie et des lourdes pertes que son armée a dû essuyer dans cette bataille, le sultan Bayezid fait massacrer la plupart des prisonniers croisés, soit environ trois mille.
Seuls les plus fortunés sont épargnés et réduits en esclavage dans l'attente du paiement de rançons très élevées : par exemple, le duc Philippe le Hardi doit payer la somme astronomique de 100 000 florins pour la libération de son fils Jean, et est obligé d'emprunter l'argent à son banquier Dino Rapondi.
La somme réclamée par Bayezid pour la libération de ses 24 prisonniers de marque aurait atteint 200 000 ducats. Certains chevaliers français, tels Gui de la Trémoïlle, Philippe d'Artois ou Enguerrand de Coucy meurent néanmoins en captivité ou sur le chemin du retour.
Dans les cours française et bourguignonne, au-delà de la consternation née lorsque la nouvelle de la défaite arrive par un chevalier picard du nom de Jacques de Heilly, on fête le retour des chevaliers rançonnés comme de véritables héros et on s'empresse d'imputer la débâcle à Sigismond ou à la lâcheté de certains alliés qui auraient fui le combat les Valaques ou les Transylvains...
Pour sa part, Sigismond n'a guère à souffrir de la défaite de la croisade qu'il avait appelée de ses vœux puisqu'il sera élu empereur romain germanique en 1433.
La défaite de Nicopolis marque la fin des croisades pour l'Europe Occidentale. Les combats continuent à l'ouest, jusqu'à la l'achèvement de la reconquista dans la Péninsule ibérique et en Méditerranée mais les nations des Balkans doivent désormais compter sur leur propres forces pour arrêter la conquête ottomane, avec les conséquences que l'on connaît : la chute de Constantinople un demi-siècle plus tard et la présence de l'Empire Ottoman dans les Balkans jusqu'au début du XXe siècle...
Jean de Roye Fils de Mathieu de Roye IV
Couvert de blessures, trouva la mort sur le champ de bataille de Nicopolis.
Son corps fit ramené en France par son fils Mathieu de Roye V et inhumé à l’abbaye d'Ourscamp, dans la chapelle de Saint -André ou de Béthune.
Regnault de Roye Fils de Mathieu de Roye IV
trouva la mort au siège de Nicopolis ; son corps fut ramené en France et inhumé dans l'abbaye de Longpont, à côté de ses père et mère.
Dreux de Roye, Fils de Mathieu de Roye IV
dit Lancelot, seigneur de Launoy, maître des eaux et forêts du Languedoc mourut célibataire à Nicopolis.
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