Chronologie de l'Histoire de France période des ascendants
CHARLEMAGNE, 768-814.(fils de Pépin le Bref)
768.
Partage du royaume entre les fils de Pépin, Charles et Carloman, qui
sont proclamés, le premier à Noyon, le second à Soissons. Charles,
surnommé plus tard Charles le Grand ou Charlemagne, donne le duché de
Gascogne en fief héréditaire à Loup Ier, neveu de Hunald.
769.
Insurrection de Hunald, qui, à la mort de son fils Waifre, sort du
monastère de l'île de Ré, où il s'était enfermé depuis vingt trois ans
et soulève les Aquitains. Il est livré à Charlemagne par Loup, duc de
Gascogne.
770. Démêlés entre Charlemagne et son frère.
Charlemagne épouse, malgré les violentes accusations d'Étienne III
contre les Lombards, une fille de Didier, roi de ce peuple.
771.
Mort de Carloman, à Samouci, en Laonnais, à l'âge de vingt ans (4
déc.).Charlemagne dépouille ses fils, qui se réfugient avec leur mère
auprès de Didier. Fuite de Hunald chez les Lombards. Charlemagne répudie
la fille de Didier.
772. Didier presse en vain le pape Adrien de
sacrer roi le fils aîné de Carloman. Expédition contre les Saxons
commandés par Witikind. Prise d'Ehresbourg. Destruction du temple
d'Irmensul.
773. Expédition de Charlemagne contre Didier. Siège de Pavie.
774.
Prise de Vérone par Charlemagne, qui vient à Rome et y renouvelle, en
l'accroissant, la donation de Pépin, tout en se réservant la
souveraineté. Prise de Pavie. Charlemagne est proclamé roi d'Italie et
patrice de Rome. Les Romains lui jurent fidélité.
775- Victoire de
Charles sur les Saxons. Il pénètre jusqu'à l'Ocker, où il reçoit les
serments et les otages des Ostphaliens. Concile de Rome où le pape
reconnaît à Charlemagne le droit d'ordonner l'élection des papes et de
la confirmer. Destruction d'Aigues-Mortes par les Sarrasins.
776.
Soulèvement en Italie et en Saxe. Le duc de Frioul est décapité.
Soumission des Saxons, qui promettent d'embrasser le christianisme.
777.
Parlement tenu à Paderborn : les chefs Saxons viennent en foule y
recevoir le baptême ; Vitikind seul ne paraît pas. Réforme des
monastères d'Aquitaine par Benoît d'Aniane.
778. Expédition de
Charlemagne en Espagne pour rétablir les émirs de Saragosse et de
Huesca. Désastre de Roncevaux : Roland, neveu de Charlemagne, y périt
avec une partie de l'arrière-garde. Le Mérovingien Loup, fils de Waifre,
qui y commandait les Gascons, est pris et pendu, et le duché est
partagé entre ses deux fils. Érection du royaume d'Aquitaine en faveur
de Louis le Débonnaire, et création du comté de Toulouse. Ravages des
Saxons sur les bords du Rhin.
779. Capitulaire qui rend la dîme
exécutoire ; recommandation renouvelée en 794, 800 et 813. Les évêques
firent insérer parmi les Capitulaires une prétendue loi de Constantin
qui déclarait l'arbitrage des évêques forcé, dès que l'une des parties
le proposait. C'est le germe de la juridiction temporelle des évêques.
Première mention des relations diplomatiques entre Charlemagne et Irène.
780. Quatrième révolte des Saxons. Charles, après les avoir
vaincus, distribue leur pays aux prêtres et aux abbés. Le concile de
Paderborn ou de Lippstadt décide la création de cinq évêchés en Saxe.
78l.
Pépin, fils aîné de Charlemagne, est créé roi d'Italie. Tassillon, duc
de Bavière, vient prêter serment de fidélité au roi dans la diète de
Worms.
782. Nouveau soulèvement des Saxons sous la conduite de
Witikind. Défaite des Francs à Sonnthal. Massacre de 4,500 Saxons à
Verden. Des envoyés danois viennent trouver Charlemagne aux sources de
la Lippe. Charlemagne fait faire par Godescalc un évangéliaire orné de
vignettes, et que l'on conserve à Saint-Saturnin de Toulouse, sous le
nom d'Heures de Charlemagne. Autre évangéliaire de Charlemagne conservé à
Abbeville.
783-785. Nouvelles défaites des Saxons. Soumission de Witikind ; il est baptisé à Attigny et reste depuis fidèle.
786. Soumission des Bretons.
787.
Soumission du duc de Bénévent, Arigise. Projet de révolte de Tassillon,
duc de Bavière, beau-frère d'Arigise et gendre de Didier. Charles
ramène de Rome des chantres, des grammairiens et des calculateurs pour
rétablir les études. Il fonde deux écoles de chant à Soissons et à Metz,
d'où l'usage du chant grégorien ou plain-chant se répandit dans toutes
les églises. Il adresse une circulaire à tous les évêques pour les
engager à fonder des écoles. Première renaissance littéraire. Don fait
par le pape, à Charlemagne, d'un exemplaire du Codex canonum de Denis le
Petit. Ce livre devient le code de l'Église gallicane.
788.
Invasion et défaite des Avares dans la Bavière et le Frioul. Tassillon,
condamné à mort à la diète d'Ingelheim, est enfermé dans un couvent.
La dignité ducale est abolie en Bavière, que Charles divise en comtés.
Reconstruction d'Aigues-Mortes par Charlemagne. Nouvelle édition du Code
théodosien.
789. Charles jette deux ponts sur l'Elbe, et soumet les
Wiltzes aux bouches de l'Oder. Capitulaire qui reconnaît la
juridiction des évêques et dégrade de la prêtrise les prêtres ayant
plusieurs femmes. Nouveau capitulaire ordonnant que des écoles soient
instituées per singula monasteria vel episcopia, pour l'enseignement de
la grammaire, du calcul et de la musique. Dans chaque paroisse le curé
devait apprendre à lire aux enfants gratuitement.
791-792 . Guerre en Pannonie contre les Avares.
791.
Conspiration de Pépin le Bossu, fils naturel de Charlemagne. Révolte
des Saxons, qui chassent les missionnaires et brûlent les églises.
792.
Charles commence un canal entre la Rednitz et l'Altmuhl pour unir le
Rhin au Danube, c'est-à-dire le Pont-Euxin à la mer du Nord.
793.
Victoire des Saxons à Rustringen. L'Aquitaine est envahie par les
Sarrasins, qui défont Guillaume au Court-Nez. Expédition contre le duc
de Bénévent.
794. Condamnation de l'hérésie de Félix d'Urgel
(l'adoptianisme, Jésus adopté par Dieu) par le concile de Francfort, que
préside Charlemagne. Canon qui ordonne que les biens possédés par les
évêques avant leur promotion retourneront à leurs parents, et que ceux
qu'ils acquerront pendant leur épiscopat appartiendront à leur église.
Autres articles pour procurer aux évêques l'étude des canons, interdire
aux moines de sortir du cloître pour affaires temporelles.
795. Révolte et soumission des Saxons.
796.
Expédition contre les Avares, dont le camp ou ring est forcé. Pépin,
roi d'Italie, pénètre jusqu'à l'embouchure de la Drave dans le Danube.
Des colonies de Saxons sont transplantées sur divers points de la
France, en Flandre, Helvétie, etc. Léon III, après son exaltation,
envoie à Charlemagne les clefs du tombeau de saint Pierre avec la
bannière de Rome, et demande que le roi députe quelqu'un pour recevoir
le serment de fidélité des Romains. Construction de la basilique et du
palais d'Aix-la-Chapelle.
797. Nouvelle expédition en Saxe. Fondation de la ville de Héristal sur le Weser.
798. Adalhard, abbé de Corbie, et petit-fils de Charles Martel, est envoyé en Italie pour y réformer les abus.
799.
Le pape Léon s'échappe de Rome, où il était tenu en prison, et se
réfugie auprès de Charlemagne, qui le rétablit sur son siège. Conquête
des îles Baléares. Louis, roi d'Aquitaine, prend et détruit Lérida en
Espagne. Il y avait eu dans tout le VIII° siècle 40 conciles tenus en
Gaule, dont 20 depuis 768, ce qui montre les efforts de Charlemagne pour
régénérer l'Église. Le calife Haroun-al-Raschid envoie à Charlemagne
l'étendard de Jérusalem.
800. le 25 décembre Charlemagne est
couronné empereur à Rome par le pape Léon III, relevant une dignité
disparue depuis la chute de l'Empire romain d'Occident en 476.
.
Saint Landry fonde l'Hôtel-Dieu de Paris. Charlemagne avait dit dans un
de ses Capitulaires : « L'Église est tenue de nourrir les pauvres Les
prêtres auront des tables où ils seront admis ; les évêques doivent
subvenir à leurs besoins ; les monastères leur doivent l'asile et
l'entretien.»
80l. Défaite des Sarrasins d'Espagne par les Francs,
qui s'emparent de Barcelone. Expédition de Pépin contre le duc de
Bénévent, qui perd Réate, et en 802 Ortona. Capitulaire qui confirme
dans leurs effets extérieurs et temporels les excommunications justes,
décrète la gratuité des sacrements et divise la dîme en trois parties :
la première pour l'entretien ou l'ornement de l'église; la deuxième à
l'usage des pauvres et des voyageurs ; la troisième pour les prêtres et
les clercs. Charlemagne confirme l'abolition de la monnaie d'or, et
ordonne de remplacer dans les compositions le sou d'or par le sou
d'argent, ce qui produit une réduction de plus des deux tiers dans le
taux des compositions et des amendes.
802. Réformation de la
justice. Défense d'user d'avocats : «Que chacun rende raison de sa
propre cause, et que personne ne pratique l'usage de discuter pour
autrui.» Recommandation aux envoyés d'établir l'égalité des poids et
mesures.
803. Traité avec les Grecs pour la délimitation des
frontières. Capitulaire qui autorise les Francs à faire donation de
leurs biens aux églises. Additions faites à la loi Salique et à la loi
des Ripuaires. Les évêques et les abbés sont dispensés du service
militaire. Dernière révolte des Saxons ; l0.000 de leurs familles sont
transplantées en Flandre. Conditions sévères imposées à ceux qui restent
dans le pays; ils devront obéir aux préceptes de l'Église comme aux
lois de l'État et sous les mêmes peines.
804. Deuxième voyage du pape Léon en France.
806.
Se conformant à la coutume successorale germanique, Charlemagne le
partage de l'Empire entre ses trois fils. Après de nombreuses
péripéties, l'Empire ne sera finalement partagé qu'en 843 entre trois de
ses petits-fils, lors du traité de Verdun. Expédition en Bohême.
Conquête de la Corse sur les Sarrasins par Pépin. Prise de Pampelune par
Louis, roi d'Aquitaine. Capitulaire qui interdit la conversion des
bénéfices en alleux, et encourage la recommandation : « Que chaque homme
libre après la mort de son seigneur ait la faculté de se recommander à
qui il voudra. Qu'il en soit de même à l'égard de celui qui n'est pas
encore recommandé à quelqu'un.»
808. Première apparition des
Vikings en France. Charlemagne visite les ports de son empire, et fait
construire des vaisseaux depuis le Tibre jusque dans la mer du Nord. —
809.
Ravages des pirates vikings, sarrasins et grecs sur les côtes de
l'empire. Expédition de Louis le Débonnaire en Espagne ; il est obligé
de lever le siège de Tortose.
10. Ravage de la Frise par les
Vikings, de la Sardaigne et de la Corse par les Sarrasins. Expédition
de Pépin contre les Vénitiens. Il échoue devant Rialto. Mort de Pépin,
qui ne laisse qu'un fils naturel, Bernard. Préparatifs d'une expédition
contre les Danois. Le roi Hemming ait la paix.
811. Expédition contre les Esclavons. Louis prend Tortose après quarante jours d'attaque.
812.
Bernard, fils de Pépin, est nommé roi d'Italie, sous la direction du
comte Wala, frère d'Adalhard. Expédition contre les Wiltzes. Érection du
comté de Fézenzac, démembrement du duché de Gascogne. Capitulaire
réglant le service militaire : tout homme libre possédant quatre
métairies devait aller à la guerre. Ceux qui ne possédaient pas quatre
métairies se réunissaient. L'un d'eux partait ; les autres lui
fournissaient les armes, les chevaux et les provisions nécessaires.
813.
Concile de Mayence. Ses membres sont divisés en trois sections : celle
des évêques traitant des canons, des dogmes, celle des abbés et des
moines s'occupant de la réforme monastique, celle des comtes et juges
discutant sur les lois mondaines. Quatre autres conciles sont tenus la
même année à Arles, Reims, Chalons, Tours, et s'occupent surtout de
réformes ecclésiastiques.
A ceux de Reims et de Tours, il est
prescrit aux évêques de prêcher en langue vulgaire. A celui de Châlons,
les moines sont dispensés du serment qu'ils prêtaient à l'évêque, signe
de l'indépendance où le clergé régulier cherchait à se placer vis-à-vis
des évêques. Charles associe son fils Louis à l'empire.
814. Mort de Charlemagne à Aix-la-Chapelle (28janv.)
LOUIS LE DÉBONNAIRE, 814-840.
814.
Avènement de Louis le Débonnaire. Bernard, roi d'Italie, lui jure
fidélité. Réforme à la cour. Il rend aux Saxons le droit de succéder que
Charlemagne leur avait ôté.
815. Capitulaire pour les Espagnols
établis au pied des Pyrénées : « Qu'ils sachent qu'ils ont la faculté de
se recommander en vasselage à nos comtes, selon l'usage habituel, et si
quelqu'un d'eux a reçu un bénéfice, il doit rendre à son seigneur une
obéissance semblable à celle que nos hommes ont coutume de rendre à leur
seigneur pour un tel bénéfice. » Preuve de la transformation de la
clientèle. Intervention de Louis entre les princes danois.
816. Le
pape lui fait prêter serment de fidélité par les Romains, et vient en
France le couronner à Reims. Concile d'Aix-la-Chapelle pour la réforme
du clergé. Il veut, mais sans l'obtenir, que les clercs séculiers vivent
en commun et sous une règle comme les moines (chanoines). Expédition de
Pepin, fils de Louis, contre les Gascons. 8l7.Assemblée ou concile
d'Aix-la-Chapelle, où Louis partage ses États entre ses trois fils
Lothaire, Pepin et Louis, et associe Lothaire à l'empire. Règlement pour
établir l'uniformité dans l'ordre monastique, qu'on soumet
universellement à la règle de Saint-Benoît. Révolte de Bernard, roi
d'Italie. Louis donne au pape Rome et son duché, tout en en gardant la
suzeraineté. Il sépare la Septimanie du royaume d'Aquitaine, et la
réunit à la Marche d'Espagne, dont il fait un duché.
818.
Condamnation et mort de Bernard, à l'âge de dix-neuf ans. Son fils Pepin
fut père d'Herbert, tige des comtes de Vermandois. Louis fait raser ses
frères naturels Drogon, Hugues et Thierry. « Morvan, comte de Bretagne,
prend le titre de roi, contrairement à l'usage de sa nation. » Il est
tué par les Francs. Garcias-Ximin, duc des Gascons, est tué dans un
combat.
819. L'autre duc des Gascons, Loup-Centule est fait
prisonnier. Louis ôte le duché de ascogne à la postérité de Waifre, et
le met sous le gouvernement d'un duc amovible. La marche de Gascogne,
dans laquelle était compris le territoire d'Urgel, est placée sous un
comte particulier. Le Béarn est donné comme vicomté, le Bigorre comme
comté à deux fils de Loup Centule. Louis épouse en secondes noces
Judith, fille d'un comte bavarois.
820. Ravages des pirates vikings. Lothaire est nommé roi d'Italie.
82l. Assemblée de Nimègue qui confirme le partage de l'empire. Victoire sur les Slaves.
822.
Pénitence publique de Louis dans l'assemblée d'Attigny, pour expier la
mort de son neveu Bernard. Il se réconcilie avec ceux de ses proches
qu'il avait fait moines. Capitulaire qui
rend aux églises la liberté des élections. Soulèvement des Bretons, réprimé en 824.
823. Lothaire est couronné à Rome par le pape. Naissance de Charles,
dit le Chauve, fils de Louis et de Judith. Expédition malheureuse au
delà des Pyrénées ; l'armée des Francs est détruite par les Gascons et
les Sarrasins.
824. Le pape Eugène refuse de demander à l'empereur, suivant l'usage, la confirmation deson élection.
825- Capitulaire étendu sur les obligations des missi dominici. Expédition contre les Bretons,
826. Harald, roi de Danemarck, chassé de ses États, fait hommage à l'empereur, et se
fait baptiser. Mais de retour en Jutland, il oublie son baptême et son
serment. Louis fait construire un orgue pour Aix-la-Chapelle par un
prêtre vénitien.
827. Défection d'Aizon dans la marche d'Espagne.
Ravages des Sarrasins dans la Septimanie. Le pape Grégoire IV demande à
l'empereur de confirmer son élection.
828. Défense aux missi dominici de faire procéder en justiceà l'épreuve par l'eau froide
829.
Charles le Chauve reçoit en partage l'Alamannie, la Rhétie et une
partie de la Bourgogne. Concile de Lyon qui réclame contre la protection
accordée aux Juifs par les officiers de l'empereur. Concile de Worms
qui défend l'épreuve par l'eau froide. Capitulaire portant : « Que nos
envoyés fassent savoir aux comtes et aux peuples que nous consacrerons
toutes les semaines un jour aux jugements et aux plaintes en déni de
justice.»
830. Soulèvement universel contre Louis le Débonnaire.
Judith est enfermée dans un couvent, et Lothaire veut contraindre son
père, après un aveu public de ses fautes, à se faire moine. Assemblée
de Nimègue qui rend à l'empereur son autorité. Les Vikings s'établissent
dans les îles de Betau, Walcheren et Noirmoutier.
831. Condamnation des conjurés.
832. Révolte de Pepin, roi d'Aquitaine. Il est arrêté et envoyé prisonnier à Trèves.
833.
Louis donne l'Aquitaine à Charles le Chauve; soulèvement de ses trois
autres fils, qui marchent contre lui avec le pape Grégoire lV. Louis est
abandonné par son armée au Champ du-Mensonge. Pénitence publique et
dégradation de Louis à Soissons le 2 novembre.
834. Assemblée de Saint-Denis du 11 mars, Louis est rétabli.
835. Diète de Thionville, qui annule les actes de la diète de Compiègne.
837. Ravages des Vikings en Frise. Louis donne à Charles le Chauve la meilleure partie de la France.
38.
Assemblée de Quiersy-sur-Oise, où Charles le Chauve estcouronné. La
Neustrie est ajoutée à ses États. Révolte de Lothaire. Nouveaux ravages
des Vikings, qui pénètrent par la Loire et assiégent Tours. Incursion
des Sarrasins, qui pillent Marseille. Mort de Pepin, roi d'Aquitaine.
Louis donne ce royaume à son fils Charles, au détriment de son fils
Pepin.
839. Diète de Worms. Nouveau partage de l'empire entre
Lothaire et Charles le Chauve. Louis le Germanique n'a que la Bavière.
Expédition de Louis le Débonnaire contre l'Aquitaine, que les fils de
Pepin soulèvent, et contre la Bavière armée par Louis le Germanique.
840. Mort de Louis le Débonnaire près d'Ingelheim le 20 juin, à l'âge de soixante-trois ans.
CHARLES LE CHAUVE, 840-877.
840. Querelles entre les fils de Louis. Noménoë, établi duc de Bretagne
prend le titre de roi. 840-847. Rédaction du recueil des faux
capitulaires par Benoît, diacre de Mayence, et l'auteur probable des
fausses Décrétales védigées entre 836 et 857. Celles-ci ont pour but de
soumettre au pape d'une manière absolue le gouvernement de l'État :
1° En affaiblissant l'autorité des conciles provinciaux et des métropolitains;
2° en donnant la plus grande extension au droit d'appel au pape ;
3° en réservant au pape seul le jugement des évêques ;
4°
en établissant la juridiction directe du saint-siége en premier et
dernier ressort pour les causes majeures , « en faveur de tous les
opprimés, auxquels le saint-siége doit secours ; en faveur de tous les
gens condamnés injustement , auxquels il doit restitution. »
84l.
Alliance de Lothaire et de Pepin II contre Louis le Germanique et
Charles le Chauve. Aznar, comte de Jacca, soulève la Navarre et s'en
attribue la souveraineté. Défaite de Lothaire à Fontenai, près d'Auxerre
le 25 juin. Concile de Tauriacum (lieu voisin de Fontenai). Il proclame
que cette bataille est le jugement de Dieu, et ordonne des prières et
un jeûne de trois jours pour les âmes des soldats qui y avaient péri.
Les Vikings brûlent Rouen le 14 mai.
842. Alliance de Charles et de
Louis à Strasbourg ; serment des deux princes en langue tudesque et en
langue romane, premier monument de la langue française. Nomenoë bat un
lieutenant de Charles.
843. Partage définitif de l'empire à Verdun,
entre Charles, Louis et Lothaire. Charles obtient toutes les provinces à
l'ouest de l'Escaut, de la Meuse, de la Saône et du Rhône, moins le
Lyonnais, l'Uzége et le Vivarais. Guerre de Charles contre Noménoë.
Concile de Loiré près d'Angers. Il anathématise ceux qui ne
respecteraient pas l'autorité du roi. Les vikings battent Noménoë,
pillent Nantes, Saintes et Bordeaux.
844. Guerre de Charles le Chauve contre Pepin II, roi d'Aquitaine, qui l'oblige à lever le siége de Toulouse.
845.
Les vikings pillent l'abbaye de Saint-Germain des Prés, aux portes de
Paris. Paix avec Pepin, à qui Charles cède toute l'Aquitaine, moins le
Poitou, la Saintonge et l'Angoumois. Charles est battu près du Mans par
Noménoë ; il donne les comtés de Poitou, d'Angoumois et de Saintonge à
Rainulf, premier duc d'Aquitaine. Concile de Meaux qui rédige, sur
l'aliénation des biens ecclésiastiques, cinquante-six canons, dont
dix-neuf seulement sont admis par les seigneurs, réunis l'année suivante
à Epernay. Nomination d'Hincmar à l'archevêché de Reims.
846.
Invasion des Sarrasins et des vikings, qui pillent le Limousin, prennent
et font mourir le duc de Gascogne et brûlent Saintes. Capitulaire qui
commet chaque évêque pour faire la
fonction de missus dominicus
dans son diocèse; opposition des comtes, qui dès lors s'efforcent de
rendre leur justice souveraine et sans appel à celle du roi. Concile de
Toulouse, où l'on décide que les curés peuvent, moyennant deux solidi,
se dispenser de la contribution due par eux à leur évêque, savoir : un
minot de froment, un minot d'orge, une mesure de vin et un agneau
(Hénault).
847. Assemblée des trois monarques à Mersen ; édit
funeste à l'autorité royale : « Art 2 Tout homme libre pourra se choisir
un seigneur, soit le roi ou un de ses vassaux. Art 5 Aucun vassal du
roi ne sera obligé de le suivre à la guerre, si ce n'est contre l'ennemi
étranger.» Concile de Mayence pour remédier à l'usurpation des biens
ecclésiastiques; autres conciles sur le même sujet, en 836 à
Aix-la-Chapelle, à Meaux en 845, à Douzi-les-Prés en 874, à Vienne en
892, à Fismes en 935, à Narbonne en 990, à Reims en 993. Les vikings
brûlent Bordeaux.
848. Marseille est saccagée par les Sarrasins.
Pillage de Bordeaux par les vikings. Charles est couronné roi
d'Aquitaine à Limoges, mais les seigneurs qui l'avaient appelé
l'abandonnent. Efforts inutiles pour réduire Noménoë. Concile de
Bretagne tenu par ce prince, relativement à la simonie des évêques
bretons, en réalité pour faire déposer les évêques favorables aux
Français. Il érige Dol en métropole et s'y fait couronner roi de
Bretagne. Contestation depuis lors pour la juridiction entre l'évêque de
Dol et l'archevêque de Tours. Concile de Mayence, qui condamne
Gothescalk et la doctrine de la prédestination absolue. Sanche-Sancion,
déjà maître de la Navarre, s'empare de la Gascogne.
849. Incursions
des Sarrasins. Concile de Kiersy non reconnu par l'Eglise, et où Hincmar
fait condamner Gothescalk. Concile de Paris, qui dépose tous les
chorévêques de France
ils subsistèrent jusqu'au x° siècle, époque où ils furent remplacés par les vicaires généraux. Noménoë prend Angers.
850.
Noménoë prend le Mans. Charles donne le comté d'au delà de la Mayenne,
ou marche angevine, à Robert le Fort, tige des Capétiens. Les Aquitains
proclament de nouveau Pepin
roi. Il s'allie avec les vikings et les
Sarrasins. Les chanoines de Saint-Martin de Tours donnent au roi une
Bible ornée de vignettes que l'on conserve encore à la Bibliothèque
nationale.
85l. Ravages des vikings sur les bords du Rhin, de la
Meuse et de la Seine. Mort de Noménoë, qui s'était avancé avec une armée
jusqu'à Vendôme. Erispoë, son successeur, bat Charles le Chauve, qui
lui laisse le comté de Nantes avec le pays de Retz et les insignes de la
royauté.
852. Pepin est livré par les Aquitains à Charles le
Chauve, qui le fait tonsurer. 852-854. Raymond I" rend le comté de
Toulouse héréditaire et y réunit le Rouergue et le Quercy.
853. Prise de Tours par les vikings, qui brûlent l'église de Saint-Martin et dévastent les diocèses de Nantes et de Vannes.
854. Évasion de Pépin. Guerre civile en Aquitaine. Les vikings brûlent Angers.
855.
Mort de l'empereur Lothaire. Partage de ses États entre ses trois fils :
Louis II eut l'Italie, Lothaire la Lorraine, Charles la Provence
(Lyonnais, Genève, Savoie, Dauphiné et Provence). Charles, second fils
de Charles le Chauve, est nommé roi d'Aquitaine. Les vikings sont battus
par le Breton Erispoë, et devant Poitiers par les Aquitains. Concile de
Valence, qui, donnant raison à Gothescalk sur Hincmar, proclame « la
prédestination des élus à la vie, et la prédestination des méchants à la
mort.» Recommandations de Charles le Chauve et d'un concile pour
relever l'enseignement des lettres divines et humaines.
856. Pillage d'Orléans par les vikings le 18 avril.
857. Ils brûlent plusieurs églises à Paris et emmènent captif l'abbé de Saint-Denis. Salomon assassine Erispoë.
858.
Les grands, irrités contre Charles, à cause de sa faiblesse, appellent
Louis le Germanique. Garcie, roi de Pampelune (Navarre).
859.
Retraite de Louis le Germanique. Le concile de Savonnière appelle
Charles le roi très chrétien, titre déjà donné à Pepin par Étienne III,
en 755, et que nos rois ont gardé depuis Louis XI. Le concile charge les
évêques de Bretagne de dire à Salomon (roi de Bretagne) que, depuis le
commencement de la monarchie, sa nation avait payé tribut aux Francs.
Il
dit la même chose, mais en ajoutant que ce tribut n'avait jamais été
payé qu'à regret. Quand la France était forte, les Bretons se
soumettaient, ils oubliaient leur dépendance quand elle était faible, et
toujours ils gardèrent le droit d'élire leurs chefs. Nouveaux efforts
pour restaurer les écoles carlovingiennes.
860. Paix de Coblentz entre Louis et Charles. Concile de Toul. Cinq canons contre les
pillages et les parjures. Le pape Nicolas s'appuie sur les fausses
Décrétales (acte de réponse du pape à une demande) pour restreindre les
droits des évêques de France. Opposition d'Hincmar, qui lui déclare que
ces Décrétales ne peuvent avoir force de lois dans le royaume.
86l.
Nouveau pillage de Paris par les vikings. Expédition de Charles le
Chauve contre son neveu Charles, roi de Provence. Capitulaire de Charles
le Chauve contre les pillages.
Il donne à Robert le Fort, fils
d'un comte de Madrie, le duché de France, entre la Seine et la Loire,
pour l'opposer aux Bretons.
862. Coalition de Louis, fils de Charles
le Chauve, et de Salomon, roi de Bretagne. Pillage de la Brie et de
Meaux par les vikings, qui sont défaits par Robert le Fort, vainqueur
aussi,
en deux rencontres, des Bretons.
863. Mort de Charles,
roi de Provence; ses fils, Louis et Lothaire, partagent son royaume.
«Salomon paye à Charles le Chauve le tribut annuel de 50 livres
d'argent, suivant la coutume
de ses prédécesseurs. ». Le comté de
Cornouailles, glèbe ordinaire de ce grand fief, était en dehors de
l'hommage, qui n'était fait que pour les comtés de Rennes, de Nantes et
de Vannes. La Flandre et l'Artois sont donnés par Charles le Chauve à
son gendre Beaudoin Bras-de-Fer.
864. Édit de Pistres sur la
réforme des abus, la refonte des monnaies, dont on détermine le type,
avec la formule gratia Dei rex, et contre le commerce des esclaves qui,
cessant d'être une
marchandise mobilière, et passant de la
servitude personnelle à la servitude réelle, d'esclaves étaient devenus
serfs. Un article ordonne la démolition des châteaux, « attendu que ces
lieux sont devenus des retraites de voleurs. Charles le Chauve sépare le
duché de la marche d’Espagne en deux marquisats, celui de Narbonne et
celui de Barcelone. Les vikings pillent Toulouse.
865. Pépin, encore
une fois livré à Charles, est enfermé dans une étroite prison. Ravages
des Vikings dans l'Orléanais, l'Ile-de-France, le Maine et l'Anjou, dont
ils prennent la capi-
tale. Mort de Charles, roi d'Aquitaine.
866.
Traité de Charles le Chauve avec les Vikings. Victoire et mort de
Robert le Fort à Brisserte, où les Vikings, qui venaient de piller le
Mans, sont vaincus. Eudes, son fils, lui succède dans le duché de France
et la marche angevine. Wulgrin, parent de Charles le Chauve, fonde la
maison des comtes héréditaires d'Angoulême.
868. Concile de Gaule. On y réclame contre le pape la liberté des élections des évêques.
869.
Mort de Lothaire. Charles le Chauve s'empare d'une partie de ses États,
et est couronné à Metz comme roi de Lorraine le 9 septembre. Invasion
des Sarrasins dans la Camargue.
870. Partage du royaume de Lorraine
entre Charles et Louis le Germanique, à Mersen. Charles s'empare aussi
du royaume de Provence, que défend vainement le comte Gérard de
Roussillon. Réunion des comtés du Forez et de Lyonnais. Concile
d'Attigny, où trente évêques jugent Carloman, fils du roi Charles.
872.
Cession d'une partie de la Lorraine à l'empereur Louis II par Louis le
Germanique. Sanche Mitarra, ou le Montagnard, petit-fils de
Loup-Centule, est appelé de Castille par les Gascons, et fonde une
nouvelle dynastie de ducs héréditaires, qui refusent de reconnaître
l'autorité des rois de France. Bordeaux était sa capitale.
873.
Concile de Senlis, où est prononcée la dégradation de Carloman,
troisième fils de Charles le Chauve; on lui crève les yeux.
874. Assassinat de Salomon, roi de Bretagne. Partage de cette province entre les comtes de Vannes et de Rennes.
875. Mort de l'empereur Louis II. Invasion de l'Italie par Charles le Chauve, qui est couronné empereur à Rome le 25 décembre.
876.
Ravages des Sarrasins en Italie et des Vikings en France ; ils prennent
Rouen. Mort de Louis le Germanique le 28 aout. Charles le Chauve veut
s'emparer de ses États, et est défait à Meyenfels, près d'Andernach, par
Louis de Saxe. Concile de Ponthyon. Il défend de piller les meubles de
l'évêque après sa mort.
877. Diète de Quierzy-sur-Oise, où Charles
accorde la survivance pour les fiefs et les gouvernements de leurs pères
à ceux qui le suivraient en Italie. C'était un pas décisif vers
l'hérédité des bénéfices et des charges. Le traité de Verdun avait
partagé l'empire en royaumes; le capitulaire de Quierzy prépara le
démembrement du royaume en souverainetés féodales.
Richard le
Justicier, comte d'Autun, est nommé duc de Bourgogne le Dijonnais,
comprenant Dijon, Beaune, Nuits, Auxonne, Saint-Jean-de-Losne;
l'Autunais : Autun, Montcenis, Semur- en-Brionnais, Bourbon-Lancy; le
Châlonnais : Semur-en-Auxois, Avallon, Arnay-le-Duc et aulieu ; le pays
de la Montagne avec Châtillon-surSeine). Mort de Charles le Chauve à
Brios, village du mont Cenis le 6 octobre, au retour d'Italie, d'où
l'approche d'une armée allemande conduite par le roi de Bavière l'avait
chassé.
LOUIS II, DIT LE BÈGUE, 877-879.
877.
Avènement de Louis II, dit le Bègue, roi d'Aquitaine depuis 867. Il est
sacré à Compiègne le 8 décembre par Hincmar, archevêque de Reims. Il
donne aux seigneurs quantité de fiefs à titre héréditaire.
878.
Réconciliation de Louis le Bègue et de Louis de Saxe. Concile de Troyes :
Les cadavres des excommuniés seront laissés sans sépulture.
879. Révolte de Bernard, marquis de Septimanie. Mort de Louis le Bègue le 10 avril.
LOUIS III ET CARLOMAN, 879-884.
879.
Les fils de Louis le Bègue, Louis III et Carloman, sont sacrés à
Ferrières. Ils abandonnent à Louis de Saxe la partie de la Lorraine que
Charles le Chauve avait eue en 870. Concile de Mantaille. Boson y est
élu et couronné roi d'Arles ou de Provence le 6 octobre par vingt-trois
évêques.
880. Louis et Carloman battent les vikings au confluent de
la Vienne et de la Loire. Partage de l'empire entre les fils de Louis le
Bègue. Louis III obtient la Neustrie et Carloman l'Aquitaine. Guerre
contre Boson, prise de Mâcon et siège de Vienne, qui dure près de deux
ans.
88l. Victoire de Louis III sur les vikings, à
Saucourt-en-Vimeu. Alliance avec les Carlovingiens de Germanie. Ravages
des vikings, sous la conduite de Godfried et de Siegfried.
882. Le
chef normand Hasting (viking) se convertit et reçoit en bénéfice le
comté de Chartres. Mort de Louis III le 5 aout. Carloman règne seul. Il
achète la paix des vikings à prix d'argent. Première mention de l'école
épiscopale de Paris. Restauration des études à l'école de Reims, où
étaient enseignés, non seulement le trivium, grammaire, rhétorique et
dialectique, mais le quadrivium, arithmétique, géométrie, musique et
astronomie, division usitée pendant tout le moyen âge.
884. Mort de Carloman le 6 décembre.
CHARLES LE GROS, 884-887.
884.
Réunion de l'empire de Charlemagne entre les mains de Charles le Gros,
roi d'Alamannie ou de Souabe en 876, d'Italie en 879, empereur en 881.
885. Expédition des vikings sous la conduite de Rollon. Prise de Rouen
et de Pontoise. Défaite et mort de Raynold, duc du Mans. Défection
d'Hasting, comte de Chartres ; siège de Paris. Défense héroïque des
habitants, sous la conduite de l'évêque Goslin et du comte Eudes,
pendant treize mois.
886. Honteux traité de Charles le Gros avec les
vikings. Guillaume le Pieux, comte de Velay et marquis de Gothie, est
premier comte héréditaire d'Auvergne, et bientôt après, par la
nomination d'Eudes, duc d'Aquitaine.
887. Déposition de Charles le
Gros à la diète de Tribur le 11 novembre. Démembrement définitif de
l'empire carlovingien en sept royaumes (même neuf, si l'on compte ceux
de Bretagne et d'Aquitaine, qui ne durèrent pas), savoir : Italie,
Germanie, Lorraine, France, Navarre, Bourgogne cisjurane ou Provence et
Bourgogne transjurane. Mort de Boson, roi de Provence ; ses successeurs
ne s'occupent que des affaires d'Italie.
EUDES, 887-898.
887. Eudes, fils de Robert le Fort, est sacré roi de France à Compiègne.
888.
Mort de Charles le Gros en Souabe le 12 janvier. Foulques le Roux
réunit la marche angevine au comté d'Anjou et au Gatinais, et acquiert
Loches, Villandri et La Haie. Gui, duc de Spolète et descendant de
Charlemagne par les femmes, est proclamé roi de France à Langres; Louis,
fils de Boson, roi de Bourgogne cisjurane à Valence; Rodolphe, fils du
comte d'Auxerre, à Saint-Maurice en Valais. Rainulfe II, comte de
Poitiers et duc d'Aquitaine, prend le titre de roi. Les comtes de Vannes
et de Rennes, réconciliés, battent les vikings ; ceux-ci sont chassés
du pays.
889. Soumission de Rainulfe. Eudes tue 19.000 hommes de
Rollon (chef vikings), dans la forêt de Montfaucon en Argonne. Les
Sarrasins s'établissent à Fraxinet en Provence.
890. Rollon prend
Saint-Lô. Eudes est vaincu par un corps de vikings, qu'Arnolf, roi de
Germanie, avait battu près de Louvain ; sac de Troyes, de Toul et de
Verdun. Siège de Paris par vikings. Guerre en Bretagne entre Alain et
Judicaël, qui est tué. Louis, fils de Boson, est couronné roi d'Arles.
891. Rollon prend Bayeux.
892.
Victoire d'Eudes sur les Aquitains révoltés. Insurrection et mort de
Valtgaire, neveu d'Eudes, qui s'était rendu maître de Laon, et à qui le
roi fait trancher la tête. Rollon prend Évreux.
893. L'archevêque
de Reims, Foulques, couronne le fils de Louis le Bègue, Charles le
Simple ; ses partisans sont défaits par Eudes, et Charles se réfugie
auprès du roi de Germanie.
895. Arnulf, roi de Germanie, donne le
royaume de Lorraine à son fils naturel Zwentibold, qui fait la guerre à
Eudes. Ravage de la Bourgogne par les partisans de Charles le Simple.
Concile de Tribur, qui ordonne par son XXII° canon que ceux qui seraient
accusés de quelque crime dont la preuve n'existerait pas se purgeraient
par serment; mais que si l'on avait quelque raison de suspecter leur
bonne foi, ils subiraient l'épreuve du fer ardent.
896. Traité
d'Eudes avec Charles, qui obtient les pays entre la Seine et le Rhin et
reconnaît Eudes pour son seigneur. Ravages des Normands.
898. Mort d'Eudes 1er janvier à La Fère, à l'âge de quarante ans. Robert hérite du duché de France.
CHARLES LE SIMPLE, 898-922.
898.
Charles le Simple est proclamé roi une seconde fois. Défaite des
vikings à Argenteuil en Tonnerrois, par Richard, duc de Bourgogne.
899,
Guerre entre Charles et Baudouin, comte de Flandre, Charles le Simple
est reconnu roi en Bourgogne. Vers sur sainte Eulalie, composés vers la
fin du Ix° siècle, et qui sont le second monument de notre langue. La
fin du IX° siècle et le commencement du X° sont l'époque de la
disparition générale de l'esclavage ancien. Il n'y a plus alors que des
serfs.
900. Défaite et mort de Zwentibold par les Lorrains révoltés.
La Lorraine est rattachée au royaume de Germanie. Louis Ier, roi de
Provence, chasse Bérenger de l'Italie, et se fait couronner empereur à
Rome. Charles le Simple est reconnu roi dans l'Aquitaine et la
Septimanie.
902. Ravages des Sarrasins en Provence.
903.
Baudouin le Chauve, comte de Flandre, entoure de murs Ypres, Bruges,
Saint-Omer. 906. Les Sarrasins de Fraxinet ravagent le Dauphiné et la
vallée de Suse.
908. Prise de Nantes par les vikings, qui ravagent la Bretagne. Les Sarrasins saccagent les environs d'Aigues-Mortes.
909.
Concile de Trosly près de Soissons. Plaintes contre le pillage des
biens ecclésiastiques par les hommes de guerre, et contre les abbés
laïques qui, ne sachant pas lire et incapables de réciter le Pater,
s'établissent dans les monastères avec leurs femmes, leurs enfants,
leurs soldats et leurs chiens.
910. Ravages des Hongrois en Lorraine. Fondation du monastère de Cluny par Guillaume d'Aquitaine.
911-
Les Lorrains se donnent à Charles le Simple, mais le duc Rainier,
qu'il établit dans cette province, s'y conduit bientôt en prince
indépendant. Siège de Chartres par le chef des vikings Rollon, qui est
vaincu par Richard le Justicier, duc de Bourgogne; Ebles, comte de
Poitiers, et Robert, duc de France. Traité de Saint-Clair-sur-Epte,
entre Rollon et Charles le Simple, qui lui cède une partie de la
Neustrie, entre l'Andelle et la mer, au nord de la Seine (Normandie), et
lui donne en mariage sa fille Gisèle, à condition qu'il embrassera le
christianisme.
912. Baptême de Rollon à Rouen. Conversion des
vikings. Charles est reconnu roi par les Lorrains après la mort de
Louis, le dernier roi de Germanie du sang de Charlemagne.
915.
Ravages des Hongrois en Alsace, Lorraine et Bourgogne. Expédition de
Charles en Saxe. A cette époque, un fils puîné de Richard le Justicier
était comte de Bourgogne, et se reconnaissait vassal du roi de France.
Mais ses successeurs, jusqu'à la fin du x° siècle, ne possédèrent qu'une
partie de cette province partagée en cinq comtés : ceux de Varasque
pays d'Ajoie, capitale Porentruy); de Montbelliard (Beaune, Ornans,
Pontarlier et la partie des bailliages de Salins et de Poligny qui se
trouve dans la montagne, avec Poligni lui-même); de Scodingue le reste
des bailliages de Salins et Poligni avec ceux de Lons-le-Saulnier,
d'Orgelet, d'Arbois et Saint-Claude); d'Amous (bailliages de Dôle, de
Quingey, et partie de ceux d'Arbois et de Gray); de Port (Lure, Luxeu,
Vauvilliers, Vesoul, une partie du bailliage de Gray, et les terres
jusqu'aux portes de Besançon).
918. Le marquisat de Narbonne entre
dans la maison de Toulouse. 919. Défaite de Rodolphe, roi de la
Bourgogne transjurane, par Burchard, duc d'Alamannie. 920. Assemblée de
Soissons où les seigneurs décident qu'ils n'obéiront plus à Charles le
Simple, si dans l'espace d'un an il ne change pas de conduite, et ne
renvoie pas son ministre Haganon. — Les Lorrains le déposent. — Charles
recouvre par les armes une partie du pays. — Le second fils d'un vicomte
de Narbonne fonde le comté héréditaire de Mâcon, qui passa ensuite aux
comtes de Bourgogne jusqu'en 1239. 92l. Entrevue de Charles et du roi de
Germanie à Bonn le 4 novembre. — Les Arabes d'Espagne pénètrent
jusqu'aux portes de Toulouse.
ROBERT, puis RAOUL, 922-936.
922. Robert duc de France, et frère d'Eudes, est élu roi par les grands, et couronné par l'archevêque de Sens.
923.
Ravages des vikings dans le Beauvaisis. Victoire de Robert, qui est
tué par Charles le Simple, près de Soissons. Le concile de Reims ordonne
à tous ceux qui s'étaient trouvés à cette journée de faire pénitence
pendant trois carêmes consécutifs comme ayant combattu Français contre
Français. le15 juin Rodolphe ou Raoul , duc de Bourgogne, est proclamé
roi par Hugues le Grand, fils de Robert, duc de France, comte de Paris,
abbé de Saint-Germain des Prés, de Saint-Denis, de Saint-Martin de Tours
et de Saint-Riquier. Raoul lui donne encore le comté du Mans.
— Le
nouveau roi réclame contre la cession que Charles venait de faire de la
Lorraine au roi de Germanie. Charles le Simple tombe au pouvoir
d'Herbert, comte de Vermandois, qui le tient enfermé à Château-Thierry,
et plus tard à Péronne.
924. Ravages et défaite des Hongrois en Provence et en Languedoc. Rollon obtient de Raoul une partie du Maine et le Bessin.
925.
Ravages des Northmans en Bourgogne, en Amiénois et dans le Beauvaisis.
926. Les Hongrois dévastent Bâle et le Verdunois, et pénètrent jusqu'à
10 lieues de Reims. L'approche du roi Raoul les fait reculer.
— Ravages des vikings dans l'Artois. Hugues, comte d'Arles, est proclamé roi d'Italie.
927.
Cession du pays nantais aux Vikings. Herbert de Vermandois tire
Charles le Simple de sa prison pour l'opposer à Raoul. Suppression du
comté de Bourges. Raoul déclare les seigneurs de cette province, prince
de Déols, sire de Bourbon, vicomte de Bourges, etc., vassaux immédiats
du roi.
928. Raoul fait la paix avec Charles, lui rend le palais
d'Attigny et lui fait divers présents. Mais Herbert de Vermandois
s'étant réconcilié avec Raoul, qui lui donne le comté de Laon, il
renferme de nouveau Charles à Péronne. Un comte de Barcelone donne à son
second fils les comtés de Cerdagne et de Bésalu. Le comté d'Auvergne
passe à la maison de Poitou.
929. Mort de Charles le Simple le 7
octobre à l'âge de cinquante ans. C'est avec le règne de Charles le
Simple que finissent les capitulaires des rois de la seconde race. Le
premier des capitulaires est daté de 630 : ils embrassent donc une
période de trois siècles.
930. Fondation du royaume de Provence à
celui de Bourgogne transjurane sous Rodolphe II. Raoul passe en
Aquitaine et bat les vikings dans le Limousin.
932. Le Languedoc,
resté fidèle à Charles tant qu'il avait vécu, reconnaît Raoul.
Soumission de Raymond-Pons, marquis de Gothie. Guerre entre Herbert de
Vermandois et Hugues le grand, comte de Paris. Le comté d'Auvergne
entre dans la maison de Toulouse.
933. Guillaume de Normandie reçoit
de Raoul les comtés de Coutances et d'Avranches, appelés les terres des
Bretons. Ce fut probablement sous ce prince que la mouvance de la
Bretagne fut attachée à la couronne ducale de Normandie.
934.
Institution des tournois par Henri I", roi de Germanie. Les comtés de
Carcassonne et de Rasez passent dans la maison de Comminges.
936.
Mort de Raoul le 14 janvier. Il avait été contraint, pour retenir les
seigneurs dans ses intérêts, de leur abandonner la plus grande partie
des terres du fisc, de sorte que le domaine royal se trouva réduit à
fort peu de chose. Raoul ne laissait pas d'enfants.
LOUIS IV, DIT D'OUTRE-MER, 936-954.
936.
Louis IV, dit d'Outre-mer, à cause de son séjour en Angleterre pendant
treize années, est rappelé par les seigneurs, et couronné, à Laon, roi
de France le 19 juin.
937. Courses des Hongrois, qui pénètrent jusque dans le Berry. Alaric IV, Barbe-Torte, chasse les vikings de la Bretagne.
938.
Guerre de Hugues le Grand contre Louis. Les Lorrains, révoltés contre
le roi Othon, se donnent à ce prince. Les Hongrois pénètrent en Flandre,
dans le Hainaut et en Aquitaine.
939. Guerre en Lorraine entre l'empereur Othon et son beau frère Louis d'Outre-mer.
940.
Les seigneurs français, soulevés contre Louis, s'emparent de Reims,
dont Louis avait donné le comté à l'archevêque. Fréjus et Toulon sont
pris par les Sarrasins
. 94l. Défaite de Louis à Château-Porcien par
Hugues le Grand et Herbert de Vermandois Il ne lui reste plus une
seule ville dans le Nord, et il se retire en Bourgogne. A Vienne il
reçoit les hommages des seigneurs aquitains ; il passe en Aquitaine.
Fondation de la seigneurie de Salins par un comte de Mâcon.
942.
Paix entre Louis et Hugues le Grand, par les bons offices de Guillaume
I", duc de Normandie. Ce prince est assassiné par le comte de Flandre.
Le comte de Provence s'allie à l'empereur grec contre les Sarrasins de
Fraxinet qui prirent Grenoble, s'emparèrent du mont Saint Bernard, et
coupèrent les relations entre la France, l'Allemagne et l'Italie.
943. Traité de limites entre les comtes de Nantes et de Poitiers. Mauge, Tifauge et Herbauge sont compris dans le pays nantais.
943-944. Guerre de Louis en Normandie pour s'emparer de l'héritage de Guillaume.
945.
Il est fait prisonnier par les vikings, après l'entrevue du gué
d'Herluin sur la Dive. Il est remis par eux entre les mains d’Hugues, et
ne recouvre la liberté que l'année suivante. Feu sacré ou mal des
ardents à Paris et dans l'Ile-de-France.
946. Guerre de Louis,
d'Othon, roi de Germanie, et d'Arnould, comte de Flandre, contre Hugues
le Grand et Richard I", de Normandie. Les alliés prennent Reims, et
pénètrent jusqu'à Rouen, d'où ils sont repoussés.
947. Concile de Narbonne sur le rétablissement de la discipline ecclésiastique.
948.
Concile d'Ingelheim, Louis s'y rend avec Othon, et y fait de grandes
plaintes contre Hugues le Grand, qui est excommunié la même année au
concile de Trèves. Louis ne sachant pas d'autre langue que le tudesque,
on est obligé de traduire pour lui les discours prononcés en latin dans
ce concile.
950. Paix entre Louis et Hugues. Les Hongrois ravagent la Franche-Comté.
95l.
Expédition de Louis en Auvergne pour réduire les seigneurs de ce pays
armés contre Guillaume Tête-d'Étoupe, qu'il leur avait donné pour comte.
Les Hongrois en Aquitaine.
953. Invasion des Hongrois en Flandre.
L'empereur Othon I" donne la Lorraine à son frère Brunon, qui la partage
en deux duchés : Lorraine supérieure ou Mosellane , et basse Lorraine
ou Lothier. (Brabant, Cambresis, Liége, Gueldre, etc.)
954. Le roi
de Germanie, Othon I", Conrad, roi de Bourgogne, le roi Louis et le
comte de Flandre, unis contre Hugues et Richard de Normandie, assiègent
Paris, puis Rouen, d'où ils sont repoussés. Louis d'Outre-mer meurt à
Reims le 10 septembre d'une chute de cheval, à l'âge de trente-trois
ans. Il ne possédait plus en propre que la ville de Laon.
LOTHAIRE, 954 986.
954.
Lothaire, associé depuis 952 par son père à la couronne , est sacré à
Reims le 12 novembre Il donne les duchés de Bourgogne et d'Aquitaine à
Hugues le Grand qui avait favorisé son élévation. Mention vers cette
époque du droit de primogéniture, usage dérivant du fief dominant.
Dernière invasion des Hongrois en Lorraine, Champagne et Bourgogne.
956. Mort d’Hugues le Grand. Son fils Hugues Capet lui succède.
958. Le comte d'Anjou acquiert Loudun.
959.
Le comte de Bar est investi par Brunon du duché de Lorraine Mosellane
que sa postérité garde jusqu'en 1033. Mais les territoires de Trèves,
Metz, Toul et Verdun relèvent directement de l'empire.
960. Les Arabes sont chassés du Saint-Bernard. 962-963. Démêlé de Lothaire avec les Northmans.
965.
Les Arabes sont chassés des environs de Grenoble; après 972, de
Sisteron et de Gap; de Fraxinet et de toute la Provence, en 975.
966.
Fin de la chronique de Flodoard, et commencement de celle de Richer,
historien du x° siècle, dont le livre n'a été retrouvé qu'en 1833. Il
écrivait de 991 à 998. 968. Fondation vers ce temps du comté de la
Marche.
974. Il se forme en Lorraine, vers ce temps, une communauté
de moines grecs et de moines irlandais, signe des relations déjà
établies entre l'Orient et l'Occident.
976. Charles, frère du roi Lothaire, est créé duc de Lorraine par l'empereur Othon II.
978.
Expédition de Lothaire contre Othon II, qui, d'abord obligé de fuir,
revient envahir la France, pénètre jusqu'à Paris, et est défait près de
Soissons par Lothaire et Hugues Capet. — Lothaire associe son fils Louis
à la couronne.
979. Un vicomte d'Auvergne commence une nouvelle race comtale.
980.
Paix avec Othon, à qui Lothaire cède la Lorraine. La basse Lorraine
reste comme duché entre les mains de son frère Charles. — Victoire de
Guillaume Sanche, duc de Gascogne, sur les Northmans.
981. Bataille
de la lande Conquéreux, entre Conan, comte de Rennes, et Guérech, comte
de Nantes. — Entrevue entre Hugues Capet et Othon II à Rome. L'empereur
parlant latin, le duc ne peut le comprendre; un évêque sert
d'interprête. Hugues Capet était donc déjà bien français. Louis
d'Outre-mer, au contraire, ne savait que l'allemand. (Voy. année 948).
984. Prise de Verdun par Lothaire, qui profite de la minorité d'Othon III pour attaquer la Lorraine.
985. Vers ce temps il y avait une fabrique de tapisserie dans le couvent de Saint-Florent de Saumur.
986. Mort de Lothaire (2 mars), à l'âge de quarante-cinq ans.
LOUIS V, DIT LE FAINÉANT, 986-987.
986. Avènement de Louis V, dit le Fainéant le 21 mai.
987.
Louis V meurt en faisant des préparatifs pour aller secourir le comte
de Barcelone contre les Sarrasins. Fin de la dynastie des Carolingiens
qui avait régné 236 ans. Le comte d’Anjou acquiert la Saintonge.
LES CAPETIENS DIRECTS
Hugues Capet 987-996
987.
Hugues Capet, beau-frère des ducs de haute Lorraine et de Normandie,
frère du duc de Bourgogne, et par lui même duc de France, comte de Paris
et d'Orléans, abbé de Saint-Martin de Tours, de Saint-Denis et de
Saint-Germain des Prés, est proclamé roi fin de mai, par ses vassaux et
quelques seigneurs voisins, à l'âge de quarante-cinq ans environ, et
sacré à Reims le 3 juillet, à l'exclusion de Charles, duc de la basse
Lorraine, que les seigneurs de France ne regardaient plus depuis son
étroite alliance avec les Allemands que comme un étranger. Cependant le
duc d'Aquitaine, et Eudes, comte de Tours etde Blois, le soutiennent,
mais il est battu. Réunion des comtés d'Auxerre et de Nevers. Hugues
Capet s'associe son fils Robert, qu'il fait couronner à Orléans.
988. Prise de Laon et de Reims par Charles de Lorraine. 988-990. Guerre
entre Hugues et Guillaume Bras-de-Fer, comte de Poitiers.
989.
Concile de l'abbaye de Charroux, en Poitou ; trois canons contre les
brigands et ceux qui frappaient les clercs. Baudouin le Barbu, comte de
Flandre, obtient de l'empereur Valenciennes, Gand, l'île de Valcheren et
toute la Zéelande en deçà de l'Escaut. Il fortifie Lille et établit des
foires. Érection du comté d'Évreux pour un bâtard de Richard I".
990. Siége de Laon par Hugues.
99l.
Captivité de Charles, fait prisonnier par la trahison de l'évêque de
Laon, et enfermé dans Orléans. Concile de Saint-Basle, (monastère de
Verzy) près Reims, qui prononce la déposition de l'archevêque Arnulfe.
Gerbert, secrétaire du concile, s'y montre le champion de l'épiscopat et
l'adversaire violent de la papauté. Abbon, abbé de Fleury-sur-Loire,
ennemi des évêques et représentant la démocratie de l'Église en lutte
avec l'autorité épiscopale, y soutient les droits du pape en invoquant
les fausses Décrétales. Mais le roi abandonne les évêques, que le pape
condamne. Première mention de l'arbalète par Richer; l'usage s'en
conserve jusqu'au XVI° siècle.
992. Victoire à la bataille de
Conquéreux gagnée par Foulques Nerra sur Conan, qui y est tué. Foulques
prend Nantes, tandis que Tours était assiégé par son allié Adalbert
Talleyrand, comte
de la Marche et de Périgord. Hugues Capet,
accouru au secours de cette place, fait demander à Adalbert : « Qui t'a
fait comte ! Qui t'a fait roi » répond-il. Geoffroi Ier, comte de Rennes
et fils
de Conan, lui succède et prend le titre de duc. Il donne à
l'abbaye de Redon l'île de Belle-Ile, qui passa ensuite à l'abbaye de
Quimperlé.
993. Premier acte authentique de canonisation prononcée
par le pape seul. Avant le x° siècle, la sainteté était proclamée par
les évêques et le peuple ; depuis le x° siècle jusqu'à Alexandre III,
les évêques conservent leur ancien droit, mais invoquent l'autorité du
pape ; depuis Alexandre III, le pouvoir de canoniser est réservé au
pape.
994. Peste de Limoges; établissement de la trêve de Dieu.
Concile d'Anse, près Lyon. Le VII° canon défend les œuvres serviles le
samedi depuis nones; le VII° prescrit l'abstinence le mercredi et le
jeûne le vendredi.
995. Concile de Mousson; l'évêque de Verdun y parle en français.
996.
Mort de Hugues Capet le 24 octobre. Sous ce prince, Gerbert (futur
pape) invente la première horloge à balancier, dont on se servit
jusqu'en 1650, où le balancier fut remplacé par le pendule. Gerbert
passe aussi pour avoir introduit en France les chiffres arabes.
Erection du comté d'Eu pour un fils naturel de Richard Ier de Normandie,
dont la postérité le conserva jusqu'en 1227, avec Arques, Driencourt
(Neufchâtel) et Mortemer. Hugues Capet fait fortifier Abbeville pour
fermer la Somme aux vikings, et donne le gouvernement de ce pays à
l'avoué de Saint-Requier, qui devient comte de Ponthieu.
ROBERT, 996-1031.